samedi 11 août 2007

Zadig et Barret

Prémisse number one (ouais, je suis bilingue, c'est un de mes talents cachés): vieux pull en cachemire noir un peu troué, acheté il y a un truc comme 12.000 ans chez Antik Batik, de la marque Bali Barret qu'après tant d'années loin de Paris que je sais même pas si elle existe encore, mais qui a une petite coupe parfaite, un peu ajustée mais pas trop, qui passe à la machine et bouloche toujours pas. Mais qui a clairement besoin d'une petite cure de remise en forme.

Prémisse number two:
Vachement envie d'un Zadig et Voltaire parce qu'ils me font un peu de l'oeil, leurs pulls, je les trouve chouettes et la dérision que je devine dans les inscriptions dorsales n'est pas pour me déplaire (pourtant, les fringues à message, pas exactement ma cup of tea, t'imagines bien que les t-shirts avec deux mains et Dont' touch imprimés ne sont pas passés par moi).

Prémisse number three:
Impossible évidemment de mettre la main sur un Zadig et Voltaire à Montréal évidemment, à moins de payer des frais de port invraisemblables ajoutés à un prix invraisemblable plus à une taille que je soupçonne invraisemblable.

Prémisse number four :
Noël est trop loin.

Déduction :
Let's do it by myself.

Matos :
- un pull troué mais qui peut faire illusion avec le retour de la mode grunge qui pointe (si si, je vous dis)
- des étiquettes autocollantes format A4 (si vous êtes en France) ou Letter (si vous êtes ici)
- un ordi et une imprimante
- de la peinture à textile Pébéo Sétacolor opaque, couleur Shimmer Ash (cendre moiré et là, je me demande si y'aurait pas une faute d'accord sur leur étiquette quand même mais je ne suis sûre de rien) number 73 (du genre de 5$ chez Omer de Serres)
- un bistouri (parce que moi je suis équipée mais un cutter fera l'affaire)
- un pinceau tout bête
- un fer à repasser

Explications :
Suis bien, hein, parce que c'est très technique si on n'a pas fait des Hautes Études en Sciences Manuelles comme moi. Heureusement, je vais t’aider.

J'ai choisi le modèle ELVIS parce que j'aime bien la touche de kitsch qui émane de ce prénom et que j'ai une affection particulière pour Elvis électroménager, un petit magasin qui vend des vieux frigos tout pourris près de chez moi, qui met de la musique à fond jusque dans la rue, a des ampoules extérieures qui clignotent sur sa devanture, a un buste d'Elvis en plâtre dans la vitrine et des vendeuses qui ressemblent à Zaza Napoli qui te jurent que le frigo à 80$ sur lequel tu lorgnes, il est réservé mais elles veulent bien te le vendre à toi parce que t'es sympa (le magasin tire apparemment son nom du fait qu'il est installé dans l'immeuble où Elvis a habité quand il est venu pour la première fois à Montréal, je le précise pour les adeptes de "2000 ans d'histoire", on ne sait jamais).

Bon j'avoue j'ai aussi choisi le mot ELVIS parce qu'il ne contient pas les lettres A, B, D, O, P, Q, R, notamment et que tu vas comprendre très vite de quoi je cause.

Bref, me voilà décidée, je me lance.

Dans Word, j'écris le mot ELVIS donc, en essayant de ne pas faire de fôte, en je-sais-plus-quelle-police, là je laisse le choix, mais si tu veux tenter, je te conseille quand même une police sans sérif ou autrement dit, une fonte sans empattement que si tu sais pas ce que c'est, tu prends ton dico et tu cherches, parce que quand même, va falloir songer que tu vas le découper au cutter ce truc et que faudrait voir à pas te compliquer la vie. Et puis c'est plus joli, parce que Elvis écrit en gothique, ça connote le message, vois-tu.

Une fois le mot écrit dans la police de ton choix, tu le sélectionnes et tu le passes en taille genre 150 (mais ça dépend de la police choisie quand même). Là je te conseille d'imprimer sur du papier normal et d'épingler la feuille sur le pull pour voir si la taille de la police te parait correcte, parce que si tu te plantes sur les feuilles autocollantes, t'es mal, elles coûtent la peauduc ou alors tu les as piquées au bureau et là, c'est déjà moins grave.

Bon, une fois que tu es sûr de ton coup, tu peux imprimer sur la feuille autocollante.

Là, maintenant, faut que tu dégages les lettres de ton fond autocollant. En gros, au cutter, tu suis les contours et tu enlèves les lettres imprimées.
Te voilà avec une feuille autocollante et les lettres du mot ELVIS évidées. C'est bien, tu suis. Et là, normalement, tu comprends pourtant tu dois éviter certaines lettres : parce qu’elles ont une partie pleine à l’intérieur comme le O et que quand tu vas décoller, tu vas avoir le centre du O séparé du reste et va falloir le replacer pile poil à la bonne place à la main, bon courage.

Maintenant, s'agit de te positionner correctement parce que tu vois pas que tu te places de travers, t'es l'air con avec ton ELVIS de guingois (j'ai des lettres, moi, madame, c'est un autre talent caché (et mon ELVIS à moi n'est pas de travers, je te vois venir, j'ai juste mal mis mon pull mais c'est parce que je suis cool)). Tu peux t'aider en fixant le tout avec des épingles. Tu enlèves ensuite la pellicule qui protège la feuille autocollante, et hop, tu la colles au bon emplacement donc.

Et c'est là que tu prends la mesure de mon génie. Tu te demandes depuis tout à l'heur pourquoi la feuille autocollante et pas la feuille tout court. Parce que figure-toi que j'ai fait des tests avec la feuille tout court qui sert de pochoir : et ben, avec la peinture, sur une surface irrégulière comme de la laine, la peinture déborde et bave partout, s’infiltre sous les bords de la feuille c’est dégoûtant et c'est plus ELVIS que tu lis mais
EIS et tu vois la catastrophe qui se pointe si tu croises un amateur de pendu un peu averti… Tandis qu’avec la feuille autocollante, plus de problème, ça ne bave plus, les contours sont parfaitement nets, nickel-chrome-merci-qui.

Bon ensuite, tu prends ton pinceau, tu badigeonnes copieusement de peinture, tu décolles ton pochoir autocollant rapidement mais en faisant attention à pas coller de la peinture partout, faudrait voir à pas ruiner au dernier moment tous ces beaux efforts fashionesques, tu laisses sécher plusieurs heures et tu fixes au fer (pas trop chaud, comme pour la laine, mais deux fois plus longtemps, tuyau de mémé Vera, merci mémé Vera) et que bon, ça va quoi, c'est le programme de maternelle moyenne section, tu peux faire un effort pour essayer de te débrouiller toi-même non ?

Tsss, les gens, franchement…

7 commentaires:

val a dit...

Whaaa, comment t'expliques bien !

Ps : beau résultat !

Mathilde a dit...

Well done my dear, your pull-over is rili bioutifoul. Moi je suis une bille pour tout ce qui est customisation... Ton article est vraiment génial, j'adore ton style ma chère, tu me fais rire. Sinon voilà, dernière soirée à Montréal, dingue. Et je ne goûterai pas à la poutine au foie gras... ;-)

SuperTomate a dit...

Merci, merci pour les compliments.

Mathilde, la prochaine fois que tu viens à Montréal, on ira boire un café (c'est mieux que de la poutine) et puis t'as vu, hien, je t'ai même référencée !

Mathilde a dit...

Bah oui on ira prendre un café, j'y ai déjà pensé depuis mon arrivée mais notre emploi du temps était totalement 'débile' (au sens québécois du terme), la prochaine fois, je prendrai du temps on my own et puis maintenant je me repère plus ou moins dans Montréal... ;-) L'Été prochain j'espère (et si jamais tu passes par Glasgow...)

Anonyme a dit...

c'est trés réussi supertomate !!!

Anonyme a dit...

Waouh un faux Zagig & Voltaire DIY ...cool ...mais moi le modèle que j'aime bien c'est celui avec le papillon en petits trous trous ..;je fais comment : je dresse des mites ? ;-)
blague à part...très beau résultat !

Anonyme a dit...

Dis, t'en feras d'autres, des done by moi-même ? Parce que ça me plaît trop, tes explications. Et le résultat a l'air pas pourri...