mardi 31 juillet 2007

Institution Montréalaise



S'il y a bien un truc qui me plaît ici, c'est la presse.
Pas la presse qu'on paie, notez bien. La presse qu'on ne paie pas.
Cherchez l'erreur.

Montréal, c'est le royaume du journal gratuit. Comme ça, on n'a pas trop de mal à être informé, c'est sûr. Il y a les classiques Métro et 24h, mais ce n'est pas de ça dont je veux vous parler.

Mais du Voir
Que le Montréalais qui n'a jamais cherché son futur appart' dans le Voir lève la main, franchement.

Le Voir, c'est un journal hebdomadaire sur la vie disons culturelle de Montréal (il y a cependant d'autres éditions, comme celle de la ville de Québec) et disons-le, tout de go, c'est un des meilleurs journaux d'ici. Avec ses amis, le Ici, le Hour, etc...

J'aime le Voir pour ses dizaines et dizaines d'annonces de concerts dans les premières pages parmi lesquelles on trouve des merveilles, comme une mini-annonce qui traîne, comme ça, l'air de rien, toute minuscule, perdue avec ses copines et qui t'annonce un truc énorme (genre Placebo en concert) avec un air de pas y toucher "ouais bon, ben, je dis ça comme ça". J'adore les découvrir, moi, ces annonces. A chaque fois que c'est un groupe ou un artiste connu, je me revois, petite ado de banlieue parisienne, fascinée, parce que Prince venait en France, whalala ça créait l'évènement. Alors là, même si je ne suis pas fan, voir Marilyn Manson qui s'invite sans crier gare par une petite annonce de quelques centimètres et que tout le monde ait l'air de trouver ça normal qu'il passe nous voir, je ne sais pas, tant de simplicité, ça m'émeut.

J'aime le Voir pour son édito. Je ne retiens jamais le nom du gars qui l'écrit mais c'est pas grave. Le Voir, ils ont un ton. Et pour un journal gratuit, c'est assez bluffant. Pour moi, journal gratuit = Paris Boum-boum, si vous voyez ce que je veux dire. Et là, non. Ils ont une ligne éditoriale qui me plaît, ils poussent des coups de gueule, et non seulement ils ont de vrais journalistes qui y collaborent, des écrivains mais ils ont aussi un lectorat qui réfléchit et qui leur écrit et j'aime vachement lire le courrier des lecteurs. Ils rebondissent sur les éditoriaux précédents, sur des questions politiques, tout ça. Et là, Paris Boum-boum qui discute le bout de gras sur le commerce équitable, ça laisse pantois.

J'aime le Voir pour ses pubs. Il y a des pubs de film toutes les trois pages. En format tabloïd donc, j'ai donc tout le loisir de les observer, de m'amuser des traductions (
Scary Movie, ça s'appelle Film de peur, c'est rigolo non ?) et de m'encrer les doigts sur leurs pages noires.

J'aime le Voir parce que c'est un hebdo culturel super bien : ils parlent de plein de choses que je ne connais jamais (je suis toujours la dernière au courant, ne me demandez pas pourquoi) et quand j'ai fini de le lire, je me sens trop hype comme fille. Ça me fait beaucoup de bien, vu que je sors assez peu finalement (rapport à ma Violette à moi de 3 ans et demi). En plus, ils disent du bien des choses bien (je parie qu'ils disent qu'il faut aller voir
la Faute à Fidel), ils ne sont jamais complaisants, loin de là, j'oserais même les qualifier d'élitistes parfois, ce qui, pour un gratuit, est quand même vachement culotté.

J'aime le Voir parce que je ne sais pas qui est leur DA ou bien leur photographe mais franchement, la photo de leur Une, elle est toujours très belle. Tellement belle que rien que de voir la photo, même si c'est quelqu'un que je ne connais pas, je me mets déjà à l'aimer. Ben tiens, comme celle-là.

Enfin, j'aime le Voir pour ses annonces. Le Voir c'est la bible des petites annonces. Quand s'approche le 30 juin, date de fin des baux de location et donc le 1er juillet (date de début des baux, CQFD), on voit les colonnes qui grossissent. Le quartier du Plateau déborde, du 1 1/2 au 7 1/2, de la chambre meublée à la coloc' à 5 et on y scrute avec fébrilité l'annonce qui va bien. On guette le jeudi matin l'arrivée du journal, on dissèque tout ça, on appelle les numéros en quatrième vitesse pour être les premiers, c'est la course. C'est tellement fascinant que même si je ne cherche plus d'appart depuis 2003, je continue à les lire.

Mais pour conclure, ce que je préfère encore plus, dans le Voir, c'est qu'on le trouve chez le dépanneur, chez le nettoyeur, au vidéo-club, dans les bars, ... C'est le matin, il fait beau, on se presse dans les rues fraîches du Plateau, tout emmitouflé qu'on est, le nez dans l'écharpe, le bonnet sur les oreilles, on est passé prendre un Starbucks (un mezzo régulier velouté à emporter pour moi) et, l'air de rien, on pousse la porte, on tend un bras et on attrape toute l'American way of life, d'un coup.
C'est con mais ça me fait rêver.

lundi 30 juillet 2007

Je sens qu'on me cache quelque chose.



Il y a une chose qui me turlupine (si j'étais sur le blog de Violette (pas ma fille, quoi) ou d'Alexiane, même pas j'ose écrire un mot pareil tellement ça risque de dégénérer) : soit c'est juste moi qui suis complètement snob et insupportablement exigeante, soit les Montréalaises, vous avez un secret qui m'échappe.
Comment faites-vous pour vous approvisionner en trucs de fille un peu pointus, du genre introuvables chez Walmart, qu'on voit dans les magazines et qu'il y a qu'une boutique et demi qui le vend à Paris. Non parce, autant dire que si déjà, c'est difficile à trouver à Paris, à Montréal, c'est Waterloo morne plaine.

En fait, j'aime Montréal mais là, on touche du doigt un truc complètement consumériste certes, mais qui me fait grave déchanter : Montréal, c'est pire qu' une ville de province (haaan l'insulte !).

Et ça, pour une Parisienne comme moi, c'est rude*. Ouais je sais, c'est pas jojo à admettre, moi-même, j'ai un peu honte mais voilà, j'avoue, je suis complètement frustrée.

Vous lisez un magazine (Elle France (enfin si vous arrivez à mettre la main dessus, et en général il est périmé d'un mois et demi) au hasard (non parce que Elle Québec, ça ne va plus être possible (ça sera l'objet d'un autre billet tant il y en a à dire))), vous salivez d'envie devant une silhouette Isabel Marant, une crème bio Doux Me (je ne vous remercie pas Punky et Minisushi), voire un truc complètement banal comme du vernis Bourjois ou des pilules Oenobiol (si si, je vous jure ça m'est arrivé) et évidemment, ben ici, rien. Nada. Queue de chique.

Et pas souvent d'ersatz, c'est ça le pire (ou alors ça s'appelle Marcelle et donc c'est pas possible non plus, vous imaginez bien). Et donc frustration. Non parce qu'il n'y a pas que les trucs européens qu'on trouve pas. Il y a aussi les trucs américains (ben ouais, les Américains, le Canada, ils arrivent tout juste à situer sur la carte USA/Rest of the world alors imaginez pas que Gap serait foutu de vendre ses fringues de maternité à Montréal, hein). Et là, c'est le pompon, avouons-le. Montréal est située dans une faille spatio-temporelle, en vérité, je vous le dis. Remarquez, je fais des économies.

Ou alors ça existe mais faut soit traverser la ville (sans forcément de métro par -30, ça fait relativiser la nécessité impérieuse de shampooing), soit ça coûte le triple (Holiday Skin, ça coûte le prix d'un Lancôme, pince-moi je rêve) soit ça met trois ans à arriver quand ça veut bien, soit les trois (L'Occitane par exemple).
Je me fais apporter mon déo par ma mère (merci maman pour tant de dévotion et de patience et merci à ma belle-mère, qui lit ce blog, d'accepter de se transformer en mulet passeur de contrebande) parce que le stick Veet parfum poudre pour bébé, ça va bien deux minutes pour rigoler.
Et H&M est arrivé l'année dernière, valà, on a tout dit.

Bon je sais, je devrais me replier sur les produits locaux, je suis vraiment qu'une greluche mal adaptée, shame on me. Et pourtant j'en fais des efforts.
Mais rien à faire, je ne m'habitue pas au manque de charme, d'originalité, de féminité, d'irrévérence et de variété de la cosmétique américaine/canadienne/québécoise, je sais plus trop.
Et la mode, je vous en parle même pas (en fait, si j'en parlerai mais une autre fois ok ?)

Alors, voilà, depuis quelques temps, je me replie sur le net et question cosmétiques, sur www.sephora.com
Je me demande si mes compatriotes québécoises connaissent parce que Sephora, il n'y en a pas ici. Mais si elles ne connaissent pas, je les invite à découvrir, franchement.

On y découvre plein de merveilles introuvables à Montréal, ils livrent en quelques jours, les frais de port restent raisonnables (pas US$30 forfaitaires comme chez Urban, quoi), le petit paquet arrive tout charmant, bien emballé dans une jolie boite ennoeud-noeudtée (ça s'accorde, parfaitement) ou une jolie pochette (au choix), accompagné de trois échantillons que l'on peut aussi choisir sur le site et hop, d'un coup, c'est toute la sophistication du monde occidental qui arrive chez vous. Et si vous commandez tout d'un coup (donc 120 can$ minimum), pas de frais de port.
Sainte-Thérèse de la futilité, merci !

Ahhh, Frederic Fekkai, Bare Escentuals, Kenzoki, Caudalie, Bourjois, By Britney Spears,... Que ces noms chantent à mes oreilles.

Alors, voilà, je me disais: c'est pas possible que je sois la seule greluche de Montréal à me préoccuper de ça. Non. Non ? Si ?! Nooooooon ???

Allez, dites les filles, c'est quoi votre truc ?

_____________________________________

* : Je dis du mal cette fois-ci mais après je dirai tout ce qui est bien aussi à Montréal. Promis.


samedi 28 juillet 2007

Voie lactée ?


Non, feu d'artifice !

Chaque année, de fin juin à fin juillet, deux fois par semaine, se tient un festival (encore un !) de feux d'artifice, ce
coup-ci.
Ça s'appelle l'International des Feux Loto-Québec (je pense que ça doit être
pasque c'est sponsorisé par Loto-Québec mais je suis pas sûre, attention, hein) mais avant, ça s'appellait l'International de Feux SAQ (pasque c'est sponsorisé par la SAQ* ? Mystère et boule de gomme) pour ceux qui s'en souviennent, c'est pas si vieux, non mais oh.

Au début, on allait assister à presque tous les feux, chacun tiré par un pays en compétition et puis on comparait, on avait des débats avec les copains, sur c'est qui les plus kitsch (les Chinois gagnaient haut la main en général vu qu'ils mettent des smileys et des coeurs partout, que même mon agenda en 5ème, il en avait pas autant), les plus originaux, les plus
synchro sur la musique (ah ben oui il y a un programme musical qui accompagne, et là ce sont les Américains qui sont fortiches, ils collent plein de Céline** : pour plaire aux Québécois, on n'a pas trouvé mieux), les plus enfumés (ceux qui étaient tirés les soirs de pluie, donc les malchanceux, donc souvent les Français, comme au tennis), tout ça. Puis, les années passant, bon, on a un peu ralenti le rythme hein, parce que bon, c'est un peu répétitif.
Mais ce soir, on y est retournés parce que la demi-portion de 3 ans et demi, elle en avait vachement envie. Dont acte.

Et ça m'a rappelé pourquoi ce festival m'émouvait tant : il me fait aimer Montréal.

Ce truc, c'est fou, ça draine des dizaines de milliers de gens. Dès 21h, c'est le bordel : les maison de retraite dégainent toutes leurs chaises sur les trottoirs du Plateau et de
Hochelaga, les mamies papotent et agitent la main vers tous les bébés qui passent en poussette, une vraie transhumance s'organise, les rues se remplissent de gens qui portent sur l'épaule leur chaise de camping (les Montréalais sont des professionnels du camping donc ils ont tous forcément des chaises de pêcheur pliables qui se portent sur l'épaule avec le petit trou dans l'accoudoir pour y mettre ta boisson, que si t'as pas ça, t'es suspect comme québécois de souche) et tous convergent vers le pont Jacques Cartier, qui est fermé à la circulation pour l'occasion (Montréal étant une île, c'est une des principales voies qui relient Montréal à sa banlieue sud). Je sais pas si vous vous rendez bien compte, mais bon, c'est énorme ce truc.

Et donc on se retrouve avec cet exode urbain qui tel un seul homme marche vers un pont, avec la police partout qui ferme les voies d'accès, on peut marcher au milieu des routes et on se fond dans la masse, où on retrouve de tout : des jeunes, des moins jeunes, des familles, des jeunes qui "
cruisent"***, des gens qui sont sur place depuis des heures pour avoir la meilleure vue, des mères de famille qui se transforment en revendeuses de pop-corn : elles arrivent avec leur van, elles ouvrent le coffre et hop, mettent en marche la machine à pop-corn, les gamins qui vendent leurs canettes, les gens qui apportent leur poste de radio pour écouter la musique que l'on n'entend pas du pont...

J'aime ça parce que j'aime l'enthousiasme des
Montréalais pour ces évènements qui rythment leur été et la simplicité avec laquelle ils en profitent. Ici, on vit ça à fond, on applaudit, on s'extasie, on est ému, on commente et puis c'est tout. Même les flics sont souriants.

Et ça, pour une Française, ça veut tout dire sur l'ambiance de cette ville.

________________________________

* : Société des alcools du Québec, un peu comme chez Nicolas mais en plus obligatoire.
** : Dion, c'te question. Mais elle fait tellement partie de la famille, Céline...
*** : qui draguent... Rien à voir avec Tom, donc.

mercredi 25 juillet 2007

Nom de code : M0851

photos M0851


Vous connaissez M0851 vous ?
Non ? Ben je vous le dis tout de suite, va falloir remédier à ça.
J'ai découvert la marque il y a 6 ans quand elle s'appelait encore Rugby North America (j'ai ma trousse de reliure pour en témoigner, attention, ça sera très vintage dans 70.000 ans) et franchement, dès le premier coup d'oeil, l'ignorante que j'étais zalors a su repérer la qualité et le talent de ces créateurs-là.
Du plus beau cuir italien et de la création montréalaise (l'atelier est toujours ici): tout ce qu'il faut, en gros.

Leurs modèles sont hyper simples, unisexes, les lignes très épurées, aucun chichi, des détails bien pensés, une solidité à toute épreuve, des coutures ultra résistantes, un cuir qui vieillit, fonce, se ride, se patine avec bonheur, des couleurs neutres toujours disponibles (noir, marron, beige, gris, etc) et deux fois par an , trois ou quatre coloris saisonniers (orange, vert herbe, bleu "denim", rouge Hermés) qui ont, en plus, le bon goût d'être soldés à 50% pour le Boxing Day. Que demande the pipole ?

J'ai de chez eux quelques pochettes et surtout un grand sac de postier marron, j'ai offert à ma maman un sac week-end rouge, une trousse de toilette violette, à une amie une pochette à bandoulière turquoise, ils sont tous en parfait état. Ou plutôt, ils ont tous subi nos mauvais traitements et sont encore plus beaux.

Alors bon, oui, ils ne sont pas donnés, hein (le pipole, tu lui donnes ça, il veut ça) mais franchement, bon, ils valent largement les marques plus connues pas forcément spécialisées dans le travail du cuir. Et un sac M0851 est à mon avis indispensable pour celle qui va rechercher la belle besace en cuir patiné ( et je dis besace complètement au hasard, hein).

Pour les Parisiennes, depuis l'an dernier, une boutique est ouverte rue des Saints-Pères. Et pour les Parisiennes plus chanceuses qui ont la possibilité de venir à Montréal : ils coûtent 30 % de moins ici.

Montréal
3526 St Laurent ou au Complexe des Ailes, sur Sainte-Catherine
Paris
63 rue des Saints-Pères
New York (pour celle qui se reconnaitra)
106 Wooster ou 748 Madison

samedi 14 juillet 2007

Le Streamline Design, une exposition au Musée des Beaux-Arts

© 2007 Musée des beaux-arts de Montréal. Tous droits réservés.


Le Musée des Beaux-Arts de Montréal présente cet été, et jusqu'au 28 octobre 2007, une exposition sur le Streamline Design depuis les années 30.
Moi, sachez-le une bonne fois pour toutes, j'aime les arts déco (j'aime aussi l'Art Déco mais c'est un autre sujet...), et comme le MBAM possède une belle collection, j'y ai donc passé une heure et demi un vendredi de lourde chaleur et j'avais bien envie de faire partager mon enthousiasme pour cette petite expo qui se tient dans le pavillon Stewart.

Tout d'abord, la bonne nouvelle : l'expo est gratuite (comme l'accès aux collections permanentes pour ceux qui l'ignorent encore, profitez-en donc !).

L'expo : certes, elle est courte. On fait le tour assez rapidement et les vignettes se réduisent à leur plus simple expression (j'aime qu'on me prenne par la main et qu'on me raconte le pourquoi du comment du bitognio, là, sur le truc alors là, je reste un peu sur ma faim). Alors oui, bon, avec un oeil exercé, on remarque quelques détails qui laissent soupçonner le manque de budget (une vitrine réparée avec du scotch, de l'acrylique qui n'est pas de première jeunesse, des pare-vapeurs pas vraiment discrets ou des meubles d'exposition un peu rayés) mais cela se laisse oublier puisqu' en contrepartie, il y a vraiment une chouette sélection d'objets. Des ventilateurs, des fers à repasser, des tondeuses, une étonnante moto (récente, 1999 si je me souviens bien), un bloc toilettes/ lavabo/ baignoire d'un seul tenant désigné pour être le plus compact présenté sur un plan incliné, une vraie belle caravane aluminium comme on en rêve etc... Je pourrais passer des heures à observer tout ça (et je regrette presque de ne pas être chez Ikéa, là au moins, on aurait pu monter dans la caravane et ouvrir les placards)...
Et puis il y a le design d'expo : des images grand format imprimées et collées sur le mur, un dégradé de noir, gris et blanc qui sied à merveille au concept, des textes en lettrage vinyle blanc sur mur noir, un film diffusé sur un écran d'acrylique opalescent...

Bref, ça paie pas de mine mais c'est un vrai récital pour les amateurs de poésie électro-ménagère.